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Education et Formation : les ressorts pour rebondir dans l’ère du post-Covid-19

  • Publié le 28.04.2021

Gouverner, c’est prévoir ! En application de cet adage, il aurait fallu se préparer en temps normaux à l’arrivée d’une crise sanitaire majeure. Toujours, en application du même adage, il s’agit maintenant, en pleine crise, de détecter et de définir les ressorts qui permettront à notre société fortement éprouvée et profondément mise à mal de se lancer résolument dans l’ère de l’après-Covid-19.


Or, il est en général plus gratifiant de gérer une crise que de préparer la sortie de crise, de même qu’il est plus facile d’appeler à la solidarité spontanée pour une courte période de crise que d’organiser une solidarité durable pour la période de l’après-crise qui risque d’être sensiblement plus longue. Pendant la crise comme d’ailleurs pendant la guerre, les esprits sont disposés à l’abnégation, au sacrifice et au pardon, la seule perspective de la sortie de crise fait (re)naître les convoitises, l’impatience et les critiques habituelles, aussi justifiées soient-elles.

Mais rien n’y fait, il faut préparer la sortie de crise, ici et maintenant. Les risques sanitaires, psychologiques et économiques que la crise sanitaire fait peser à terme sur les différentes catégories de la population ainsi que les dégâts collatéraux déjà tangibles et palpables à l’heure actuelle doivent inciter à l’action.

Pendant la crise, un large consensus s’est établi pour affirmer qu’une des dernières institutions à fermer est l’Ecole au sens holistique du terme. L’Ecole est devenu le bastion à tenir, l’Education et la Formation se sont avérées être des atouts majeurs dans la résistance à la pandémie du Covid-19.

Le monde de l’Eduction et de la Formation a connu une ère avant-Covid-19 de même qu’il connaîtra une ère après-Covid-19. Mais il connaît également et avant tout une ère pendant-Covid-19 qu’il est d’ailleurs toujours en train de traverser et qui le marquera à jamais. Cette ère pendant-Covid-19 aura permis de développer de nouvelles valeurs et de nouveaux atouts qu’il s’agira de préserver et de pérenniser par la suite et qui feront en sorte que l’Education et la Formation sortiront renforcées de la crise avec un gain de notoriété et de prestige auprès de la population tout entière.

La réactivité de toute la communauté éducative et scolaire dont réclame faire partie la Chambre des Métiers en tant qu’acteur majeur de la formation professionnelle a suscité à la fois admiration et respect. De nouvelles solidarités ont vu le jour, de nouvelles formes de travail et d’organisation sont apparues, la digitalisation a fait un bond en avant et s’est fait sa place au niveau de l’enseignement des matières, de véritables « best practices » ont fait irruption, le tout sur toile de fond d’une motivation, d’un engagement et d’une faculté d’adaptation sans faille de l’ensemble des acteurs.

Dorénavant, il s’agit de préserver l’esprit d’imagination et la capacité d’innovation qu’a fait naître la crise sanitaire dans la communauté éducative et scolaire et de transférer autant que faire se peut dans l’ère post-Covid-19 les compétences développées et les expériences acquises. Dans cet ordre d’idées, la crise du Covid-19 laissera des traces et pourra être considérée à postériori comme un catalyseur et un propulseur en matière d’innovation pédagogique et méthodologique. La Chambre des Métiers ose même aller plus loin dans ses réflexions et poser la question suivante : à l’avenir, les acteurs de l’Education et de la Formation, comme d’ailleurs la société dans son ensemble, ne devraient-ils pas passer à intervalles réguliers en « mode Covid-19 » afin de préserver les réflexes acquis et en vue d’affronter de nouveaux défis ?

L’ère de l’après-Covid-19 va, en effet, continuer à poser à nos sociétés modernes des défis gigantesques qui ont été quelque peu écartés de nos mémoires et mis entre parenthèses durant le temps de la crise sanitaire. Les jeunes sont là pour nous y sensibiliser avec insistance et ils sont en train de reprendre l’habitude et la tradition de nous les rappeler à l’esprit tous les vendredis. La menace d’un réchauffement climatique irréversible qui plane tant sur notre planète que sur leur avenir les préoccupe à juste titre et doit obligatoirement interpeller les moins jeunes et les responsables de tous bords. Cette menace contraint nos sociétés à accélérer le processus de transition vers la « green economy » en général et à avancer le passage vers les énergies renouvelables en particulier.

Dans la poursuite de l’objectif de sauvegarder notre environnement et notre cadre de vie, tous les talents et toutes les qualifications doivent être mobilisés. Aucune compétence ne devra donc être négligée ou laissée en friche, de nouvelles compétences devront être acquises, les compétences acquises devront être mises à jour dans le cadre d’un procédé qui devra être récurrent et continuel. Ceci nécessite la mise en place d’un processus curriculaire permanent avec une adaptation et une mise à jour des profils professionnels ainsi que des programmes et des contenus des formations qui ne devront subir ni retard ni interruption. Les maîtres-mots sont : « skilling », « re-skilling » et « up-skilling » dans une société apprenante et dans une logique d’apprentissage tout au long de la vie.

L’Education et la Formation auront donc incontestablement un rôle central à jouer dans les années à venir et pourront devenir les atouts majeurs et les principaux ressorts permettant à nos sociétés de rebondir après la crise sanitaire et de se projeter dans l’ère post-Covid-19. Deux conditions doivent cependant être remplies : poursuivre et intensifier le processus de digitalisation au niveau de l’Education et de la Formation et déployer les moyens financiers, matériels et humains à la hauteur des ambitions et des enjeux.