Communiqués de presse

Avis de la Chambre des Métiers : Budget de l’Etat 2016 : des moyens à la traîne des ambitions ?

  • Publié le 19.11.2015
Conférence de presse Avis sur le budget de l'Etat 2016

La nécessité d’investir dans l’avenir

Comme à son habitude, la Chambre des Métiers a présenté en ses locaux, en date du 19 novembre dernier, son avis sur le projet de budget de l’Etat pour l’exercice 2016. Alors qu’elle avait considéré les dispositions budgétaires pour cette année teintées d’un sentiment d’inachevé, elle estime que si les mesures projetées pour 2016 révèlent des ambitions certaines du Gouvernement, il convient néanmoins de se donner les moyens nécessaires pour les satisfaire.


L’analyse chiffrée opérée par la Chambre des Métiers démontre que les améliorations d’apparence des finances publiques cachent en réalité des évolutions préoccupantes, tel qu’en témoigne l’excédent de l’ordre de 269 millions d’euros de l’Administration publique, qui masque un déficit de l’Administration centrale de plus de 600 millions d’euros. Ce déficit pouvant s’aggraver au cas où les hypothèses servant de base aux calculs de ces chiffres, et notamment celle d’une croissance économique élevée, s’avéraient infondées, la Chambre des Métiers met en garde contre toute ferveur trop optimiste. Le fait que l’impact de la réforme fiscale envisagée pour 2017 ne soit pas non plus pris en considération dans la démonstration des chiffres annoncés va également dans cette lignée.

La Chambre des Métiers plaide par ailleurs en faveur d’un renforcement de la politique en faveur des PME des classes moyennes (artisanat, commerce, ...). En effet, si celles-ci peuvent certes se caractériser par une croissance économique moins forte que les secteurs hautement spécialisés, il n’en demeure pas moins que leur impact en termes d’emplois est substantiel.

Elle souhaite en outre que soit prônée une politique de diversification économique à double niveau, tant au niveau des secteurs hautement spécialisés (TIC, logistique, éco-technologies,…) qu’au niveau des « secteurs traditionnels », parmi lesquels figurent les PME de l’Artisanat. Ainsi, si l’analyse des dépenses affectées aux différentes sections du budget montre que les premiers sont privilégiés, la Chambre des Métiers insiste, afin d’éviter que des perspectives moins encourageantes en termes de dotations budgétaires ne suscitent des questions fondamentales auprès de chefs de petites et moyennes entreprises, sur l’importance de mener une politique PME budgétaire plus visible et plus incisive.

Dans ce contexte, elle préconise surtout la création, en coopération avec le Ministère de l’Economie, d’une « plateforme pour l’Artisanat », qui devrait faire figure de table-ronde prospective d’échanges d’expériences et de savoir-faire, témoignant ainsi de la mise en oeuvre d’une politique ambitieuse.

Des ambitions, la Chambre des Métiers en relève certaines dans les dispositions budgétaires projetées. Néanmoins, elle insiste sur la nécessité d’empêcher que ne demeurent à la traîne les moyens visant à les faire aboutir. A titre exemplatif, elle cite trois domaines au profit desquels il est essentiel d’investir. D’investir dans l’avenir, d’investir pour l’avenir. Durablement.

Ainsi, la thématique de la formation, ou de l’impératif de renforcement du système éducatif et de la formation continue, indispensables à l’amélioration de la compétitivité et à la résorption du chômage, est mise en exergue par la Chambre des Métiers. Dans un pays où les principales ressources sont les compétences manuelles, techniques et intellectuelles de la population active, les dépenses dans le système d’éducation et de formation relèvent indéniablement de la catégorie des dépenses d’investissement dans l’avenir du pays.

Il est prioritaire de faire en sorte que le système de la formation professionnelle soit réformé en profondeur, devenant ainsi vivable et viable. Pour ce faire, des principes incontournables, qu’elle demande au Gouvernement de prendre en considération, sont dégagés par la Chambre des Métiers. Insistance est également portée sur le fait que toute réforme de surface en la matière, ou toute démarche assimilable à un simple « maquillage » de la situation actuelle, ne feraient que faire perdurer, voire pérenniser, les problèmes inhérents au système actuel.

L’énergie et le climat, et par-là même la nécessité de se donner les moyens en vue d’atteindre la multiplicité des objectifs posés en ce domaine, constituent la seconde thématique-clé développée par la Chambre des Métiers. Nouvelles constructions, aménagement communal, aides étatiques en matière d’énergies renouvelables, rénovation des bâtiments, sont notamment des sujets autour desquels un tableau démontrant l’exigence d’aboutissement des ambitions est brossé. Le renforcement des efforts du Grand-Duché en matière de changement climatique, de même que la promotion et le financement de mesures et projets environnementaux sur le plan national, sont également plaidés.

Enfin, la Chambre des Métiers lie en son avis la réforme fiscale et la nécessité d’assurer aux PME des conditions de création et de développement optimales, dans la mesure où l’esprit d’entreprendre constitue un facteur primordial dans le renouvellement du tissu économique, surtout pour les classes moyennes. Il faut, selon elle, récompenser les efforts et la prise de risque des chefs de PME au niveau fiscal, et éviter de faire peser sur les revenus de ces entités une charge fiscale excessive qui soit perçue comme dissuasive en ce qui concerne la création d’entreprises. Elle souligne par ailleurs la durabilité des investissements en la matière, le critère d’une fiscalité attrayante demeurant un facteur essentiel d’implantation et de développement des activités dans un pays donné.

En matière de pérennité, il y a également lieu de relever que la politique du Gouvernement consistant à maintenir à un niveau élevé les investissements publics, en ce que ces dépenses constituent un investissement dans l’avenir du pays, est accueillie très favorablement par la Chambre des Métiers.

En d’autres termes, son mot d’ordre est celui de penser plus loin, vers demain. D’investir, pour l’avenir. Avoir des ambitions permet en effet parfois d’atteindre des résultats exceptionnels. La condition sine qua non étant de s’en donner les moyens.

 


Luxembourg, le 19 novembre 2015
Communiqué par la Chambre des Métiers