Alors que le printemps pointe son nez et que la nature se réveille tout doucement, nos vies continuent à être rythmées par le coronavirus. Concernant l’artisanat, l’enquête de conjoncture de la Chambre des Métiers montre que l’indicateur d’activité enregistre une baisse de 27% et se trouve au plus bas niveau depuis 1986. Heureusement, nos entrepreneurs ont la chance d’être pour la plupart d’entre eux habitués au changement et à l’adaptation permanente. Toutefois, la résilience qui est en quelque sorte une seconde nature chez les entrepreneurs, est en train de s’essouffler en ce début de printemps face à un fléau qui perdure.

Le blues commence à s’installer dans la population, à un moment où les mutations du virus rendent celui-ci plus contagieux, avec à la clé le risque d’une troisième vague qu’il faudra absolument éviter.  

Si nous voulons surmonter ensemble l’épreuve que nous impose le coronavirus, la perspective ne peut plus se limiter au « bleift doheem an iergendwann hu mir et gepackt ». Il est maintenant du devoir du gouvernement de faire rapidement preuve de créativité et de définir une stratégie volontariste de sortie du cercle vicieux dans lequel nous nous débattons depuis le 29 février 2020. 

Il ne saurait faire de doute que la vaccination est la clé de la sortie de crise. Il est dès lors décevant de constater que la campagne de vaccination au Luxembourg, tout comme dans les autres pays de l’Union européenne, est tout sauf satisfaisante. Il faudra donc coûte que coûte l’accélérer. Or, au lieu de cela, l’on n’arrive pas à se départir de l’impression que nos gouvernants sont empreints d’un certain fatalisme. 

Pourtant des options existent. Pourquoi l’Europe et le Luxembourg n’essayent-ils pas de s’approvisionner avec des vaccins supplémentaires auprès d’autres Etats ? N’est-il pas envisageable que l’agence européenne du médicament donne plus vite son feu vert par rapport aux vaccins à venir ? Qu’attend le gouvernement pour adopter une approche plus flexible avec la double dose, approche considérée sans risque par des virologues réputées, et de nature à mieux protéger les personnes âges qui sont le plus à risque.  

Et puis, le jour où le vaccin sera disponible en plus grandes quantités, il faudra être prêt sur le plan logistique et organisationnel pour assurer une vaccination rapide et massive. Nous nous targuons d’être champion en Europe en matière de « testing ». Serons-nous également dans le peloton de tête en matière de vaccination ? Ceci est primordial si nous voulons éviter de voir dans quelques mois les résidents de notre pays pénalisés dans le cadre de leurs déplacements professionnels et privés à l’étranger. Les entreprises d’une certaine taille sont en tout cas disposées à soutenir le gouvernement et à participer activement à la campagne de vaccination.  

Parallèlement à celle-ci, il est bien évidemment essentiel que tout un chacun continue à faire preuve de discipline en respectant les règles sanitaires en vigueur. Or, l’absence de perspectives est source de fatigue et de mécontentement et risque d’engendrer un relâchement du respect des règles dans la population. Ne serait-il dès pas opportun de définir une stratégie de levée sélective et progressive de certaines restrictions et de prévoir une réouverture prudente et bien encadré des secteurs fermés et plus particulièrement de l’Horesca ? La mise à disposition en nombre suffisant de tests rapides pourrait utilement accompagner ce retour vers plus de libertés. A moins que nous nous heurtions là-aussi à un goulet d’étranglement en termes de quantités de test rapides disponibles. 

Depuis le début de la pandémie, le gouvernement a su prendre des mesures ciblées pour soutenir les secteurs économiques les plus durement touchés, ce qui a permis jusqu’à présent d’éviter des faillites en cascade. En revanche, le débat politique est pour l’instant trop centré sur le court terme et trop peu sur l’économie de l’après crise. L’Artisanat, comme beaucoup d’autres secteurs, est fragilisé. Il faudra dès à présent réfléchir comment réparer les dégâts générés par la crise et définir une stratégie permettant à l’économie de retrouver la forme. Ceci ne sera pas chose facile, raison pour laquelle je propose que le gouvernement élabore, de concert avec les chambres professionnelles patronales, un plan d’action pour renforcer à moyen et à long terme la compétitivité de notre économie.  

Et ainsi donner des perspectives à la génération Covid-19 !