Faillites : L’Artisanat plus robuste que l’économie en général

  • Publié le 13.01.2020

De prime abord, il faut souligner que les faillites doivent être considérées comme un phénomène économique qui n’a rien d’extraordinaire dans une économie de marché, où les entreprises sont en concurrence les unes par rapport aux autres. Ainsi, la disparition d’entreprises fait partie de la dynamique économique tout comme la création d’entreprises.

Selon les statistiques relatives à l’année 2019, le nombre de faillites dans l’ensemble de l’économie luxembourgeoise a progressé de l’ordre de 11% entre 2018 et 2019. Ceci représente une progression beaucoup moins forte que pendant l’année précédente, où le nombre des faillites avait augmenté de 28%. En chiffres absolus, leur nombre s’élève à 1.336 unités en 2019, ce qui, d’après les calculs de la Chambre des Métiers, correspond à 37 faillites sur 1.000 entreprises. Ce chiffre est en forte hausse depuis l’année 2017 au cours de laquelle le Luxembourg a connu 27 faillites sur 1.000 entreprises.

Le nombre de faillites dans le secteur de l’Artisanat, qui représente respectivement 21% et 23% de l’ensemble des entreprises et de l’emploi, augmente marginalement de 119 en 2018 à 123 unités en 2019. En d’autres termes, l’Artisanat compte seulement 16 faillites sur 1.000 entreprises, un chiffre qui est resté stable par rapport à 2018. Par ailleurs, en 2019, les entreprises artisanales étaient responsables de seulement 9% des faillites au Luxembourg, un taux qui a connu une baisse depuis plusieurs années, alors qu’il s’établissait à 14 % en 2016.

Par ailleurs, les analyses de la Chambre des Métiers montrent que le taux de faillites de l’Artisanat est structurellement en-dessous du taux des autres secteurs économiques. Si la moyenne décennale du nombre de faillites sur 1.000 entreprises artisanales s’élève à 18 entités, celle de l’économie hors Artisanat est de 34.

Ainsi, sur la période 2010-2019, le nombre de faillites sur 1.000 entreprises est 91 % plus élevé dans les autres secteurs économiques que dans l’Artisanat !

La bonne situation conjoncturelle au cours de l’année 2019, qui transcende à travers l’indicateur d’activité de l’enquête de conjoncture de la Chambre des Métiers pourrait être à la base du redressement de ce taux dans l’Artisanat.

Les causes pouvant expliquer la survenance d’une faillite sont multiples, mais la plupart du temps elles sont liées au niveau de compétence et de formation du chef d'entreprise, de même qu’aux capitaux propres peu élevés, ce qui rend les entreprises vulnérables d’un point de vue financier.

Ainsi, il convient de rappeler que le droit d’établissement requiert un certain niveau de qualification pour la création ou la reprise d’une entreprise artisanale. Malgré une récente réforme de la législation, les exigences en matière de qualification restent significatives.

La Chambre des Métiers avait émis de sérieuses réserves par rapport à la mise en place en 2017 de la nouvelle forme sociétaire qu’est la société à responsabilité limitée simplifiée (S.à r.l.-S). Ces sociétés se distinguent des S.à r.l. traditionnelles notamment à cause de la réduction de l’exigence du capital social minimum à un euro. Selon la Chambre des Métiers, le niveau très bas de capital rend ce genre de structure extrêmement vulnérable par rapport à toute sorte d’aléa.