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3e enquête Covid-19 de la Chambre des Métiers

  • Publié le 27.07.2020
Enquête Covid-19
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La tempête économique déclenchée par le COVID-19 souffle également sur l’Artisanat

Troisième Enquête COVID-19 lancée par la Chambre des Métiers au mois de juin 2020


La troisième enquête COVID-19 lancée par la Chambre des Métiers au mois de juin 2020 illustre très bien l’impact de la crise sanitaire sur la situation économique de l’Artisanat [1].

Ainsi, 80% des entreprises déclarent que le chiffre d’affaires a diminué en mai. En moyenne la baisse atteint 26% avec cependant des divergences plus ou moins importantes en fonction des branches concernées. Tout d’abord les résultats confirment que les petites entreprises subissent des reculs plus importants. Si la perte de chiffre d’affaires se situe à 35% pour celles employant entre 1 et 9 personnes, les structures occupant 50 salariés ou plus connaissent une diminution de 23%.

La même question ayant été posée lors des 3 enquêtes il est possible de suivre l’évolution de la situation économique par secteur sur les mois de mars à mai. Il en ressort que le recul du chiffre d’affaires en mai (26%) est significativement moins élevé qu’en mars (46%) et avril (54%). Toujours est-il qu’il faut garder en tête l’effet cumulé de cette chute. Le groupe « mode, santé & hygiène » (MSH) est de loin la branche qui a le plus souffert du confinement et du déconfinement progressif avec des pertes de chiffres d’affaires de respectivement 68%, 90% et 35% sur les mois de mars, avril et mai. Ces résultats particulièrement défavorables tiennent probablement au fait qu’au niveau de l’Artisanat il s’agit de la branche [2] qui a dû arrêter ses activités le plus longtemps.

Par contre, la construction, si elle n’est pas du tout épargnée par la crise, essuie pourtant des baisses de chiffres d’affaires moins lourdes - -22% au mois de mai - ce qui tient certainement au fait qu’elle faisait partie de la première vague de déconfinement.

Un facteur qui aggrave la situation financière des entreprises est l’impossibilité pour 82% d’entre elles de pouvoir récupérer les pertes de chiffre d’affaires jusqu’à la fin de l’année. Sur ce plan aussi il existe des divergences entre secteurs. Pour l’alimentation la part des chefs d’entreprises déclarant ne pas pouvoir se rattraper sur la seconde partie de l’année s’élève à 97%. Les explications se situent certainement à plusieurs niveaux : la disparition du domaine d’activité de l’événementiel, la perte de rendement dans les salons de consommation en raison des mesures sanitaires et le télétravail qui exerce un effet défavorable sur la demande adressée à ce secteur. Dans la construction, secteur le « mieux » loti, 76% des entreprises estiment ne pas pouvoir récupérer le chiffre d’affaires perdu sur les mois de mars à mai.

Parmi les répondants à l’enquête 48%, donc près de la moitié, avouent être confronté à un manque de liquidité, un constat guère surprenant au regard des chutes de chiffre d’affaires. Le groupe MSH et la mécanique semblent le plus souffrir à ce niveau. Parmi les facteurs responsables de cette situation les entreprises citent avant tout la baisse de la demande (62%) et le volume des frais fixes (52%) et des impôts / cotisations sociales (51%).

Ces résultats sont cohérents alors que la diminution de la demande, donc des recettes, face à des frais fixes difficilement compressibles entame évidemment les liquidités des entreprises.

A cela s’ajoutent deux autres facteurs liés à la crise sanitaire.

D’un côté, l’acquisition de matériel de protection entraîne un surcoût par rapport aux frais « normaux », estimé en moyenne à 7%.

D’un autre côté, les mesures sanitaires induisent une perte de rendement évaluée en moyenne à 11%. En clair, ceci signifie que pour effectuer le même volume de travail il faut plus de temps, ce qui tire à la hausse les coûts d’exploitation. Dans la MSH le recul de la productivité atteint même 19%.

Près de la moitié des patrons (46%) se montrent préoccupés concernant l’impact économique de la crise sur leur entreprise. Là encore, les résultats sectoriels affichent de grandes disparités : de 65% de chefs d’entreprises soucieux dans le domaine de la communication à 38% dans la construction.

Finalement, la crise risque d’avoir de sérieuses implications sur l’emploi et la formation dans l’Artisanat, comme il ressort des données suivantes :

• 21% des entreprises envisagent de procéder à des licenciements pour raisons économiques ;

• 12% ont l’intention de ne plus reconduire des contrats à durée déterminée. Le même pourcentage d’entreprises déclarant ne plus vouloir / pouvoir occuper d’apprentis ;

• 8% des chefs d’entreprises pensent à un arrêt de l’activité : arrêt avec transmission d’entreprise, arrêt définitif ou déclaration de faillite.

Au niveau de possibles licenciements, les entreprises de l’alimentation, de la mécanique et de la communication semblent être les plus inquiètes. Sur le plan des arrêts d’activités, ce sont les secteurs de la communication et de la MSH. Concernant l’efficacité des aides étatiques à surmonter la crise, une légère majorité des entreprises (52%) la juge bonne, voire très bonne.

A l’autre bout, 23% estiment l’efficacité mauvaise ou très mauvaise. Les raisons de l’insatisfaction se situent au niveau de la non-éligibilité surtout au titre des aides directes et du montant insuffisant des aides au cas où l’entreprise était éligible.

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[1] Les résultats tiennent compte des questionnaires remplis parvenus à la Chambre des Métiers jusqu’au 22 juillet 2020.

[2] Les professions de la santé ont cependant pu continuer leur activité