Chambre des Métiers

Finances publiques: la nécessité d’une orientation plus durable

  • Publié le 14.11.2017
Conférence  de presse Avis Budget 2018

L’objectif primordial du Gouvernement doit être celui de doter le Luxembourg d’un modèle économique durable, assurant la pérennité des finances publiques et garantissant aux générations futures un niveau de vie décent. Opérer une analyse de la politique budgétaire en ce sens induit nécessairement un raisonnement sur plusieurs horizons temporels, via l’adoption d’une approche de court, de moyen et de long terme.


Concrètement, le caractère durable des finances publiques signifie une résorption des déficits au cours de périodes se caractérisant par une situation conjoncturelle favorable et une limitation du niveau de la dette à un seuil situé loin en-dessous du seuil de référence de 60% du PIB.

Si, selon la Chambre des Métiers, les finances publiques apparaissent saines du fait que l’administration publique dégage un excédent de 333 millions d’euros en 2018, la réalité est néanmoins plus complexe puisque l’administration centrale accusera un déficit de 890 millions d’euros en 2018. Or, en l’absence de réserves suffisantes, ce dernier devra être financé à travers des emprunts, augmentant ainsi la dette publique. La sécurité sociale affiche quant à elle un excédent de 1.016 millions d’euros qui ne peut compenser le déficit enregistré par l’administration centrale, alors qu’il sert notamment à alimenter la réserve du régime de retraites.

La Chambre des Métiers regrette le déficit élevé que l’administration centrale devrait accuser en 2018, et ce malgré une croissance économique élevée. Force est de constater que le Gouvernement contribue à travers une politique volontariste à augmenter les dépenses courantes et, dans leur sillage, le déficit de l’administration centrale. Or, elle aurait en effet préféré que soit menée une politique visant à réduire le déficit pour créer une marge de sécurité suffisante et affronter ainsi sereinement les périodes de ralentissement économique («Apel fir den Duscht»).

Concernant le niveau élevé des investissements publics, si la Chambre des Métiers accueille favorablement cette politique, elle est également d’avis que ceux-ci ne sont pas à présenter comme un luxe que s’offrirait le pays. Bien au contraire, ils représentent une nécessité absolue afin de rattraper les retards qui ont été accumulés par le passé, ces derniers s’expliquant surtout par le fait que la croissance économique soutenue sur une longue période, de même que les besoins en équipements qu’elle génère, aient été sous-estimés par les gouvernements successifs.

En ce qui a trait à une analyse de moyen terme, la Chambre des Métiers relève que le projet de budget pluriannuel fait état d’une réduction très significative du déficit, alors que parallèlement les données du Ministère du Finances dénotent un ralentissement économique en fin de la période de prévision, ralentissement qui devrait être synonyme de hausse moins dynamique des recettes fiscales.

Ce sont de surcroît les perspectives des finances publiques à long terme qui préoccupent le plus la Chambre des Métiers, puisque qu’à politique inchangée, celles-ci risquent de ne pas être viables en raison de l’augmentation très importante des coûts liés au vieillissement de la population.

Si la Chambre des Métiers est bien consciente du fait que l’assainissement des finances publiques ne pourra être réalisé ni à travers une mesure unique, ni à court terme, elle note qu’il y aurait lieu de poursuivre parallèlement plusieurs pistes.

Ainsi, l’évolution des dépenses de fonctionnement pourrait être freinée par la mise en oeuvre d’une stratégie de digitalisation dans la fonction publique et par une politique veillant à une évolution modérée des coûts de personnel.

En ce qui concerne les dépenses sociales hors sécurité sociale, une piste pourrait consister à réaliser un «screening» pour évaluer la sélectivité sociale des différents transferts afin d’éviter dans la mesure du possible des effets d’aubaine. Au niveau du régime des retraites, la Chambre des Métiers est d’avis qu’il faille mettre en œuvre des réformes structurelles.

Même si la Chambre des Métiers a de sérieux doutes quant à la durabilité des finances publiques, elle considère que le projet de loi budgétaire pose cependant un certain nombre de jalons très positifs, allant dans le sens d’un modèle économique plus durable. Il s’agit d’accents politiques visant notamment la transition numérique («Digital Lëtzebuerg») et la promotion d’investissements durables, ceci plus particulièrement en matière de construction (efficience énergétique,…).

L’Artisanat «version digitale» intégrant de nouvelles activités, qualifications et métiers pourra à l’avenir se repositionner à travers l’approche «Troisième Révolution Industrielle» (TIR) et bénéficier sur la durée d’un gain en attractivité susceptible de (re)valoriser son image de marque, plus particulièrement auprès des jeunes.

Le «Pakt PRO Artisanat» signé en mars 2017 entre le Ministère de l’Economie, la Chambre des Métiers et la Fédération des Artisans représente un partenariat stratégique de long terme qui s’inscrit dans ce même contexte.

La Chambre des Métiers se félicite que la décision ait été prise par le Gouvernement de créer une «plateforme pour l’Artisanat» permettant de contribuer, par le biais d’une enveloppe budgétaire, à la création de perspectives d’innovation et de développement des capacités futures d’anticipation et de diversification des entreprises artisanales.

Ce Pakt se traduira en 2018 par la création d’une «Cellule Digitalisation» à la Chambre des Métiers qui aura pour objectif de sensibiliser les entreprises artisanales aux défis et opportunités que présente la digitalisation, surtout par l’assistance-conseil en entreprise. L’orientation et l’information des entreprises dans leurs démarches concrètes dans ce domaine et le développement des outils d'accompagnement destinés aux entreprises font également partie des objectifs suivis par la chambre professionnelle représentative du secteur.

Dans la poursuite d’une continuité et d’une réflexion pérenne, il est à relever que la la Chambre des Métiers a mis en place, avec le soutien du Ministère de l’Education Nationale et de la Jeunesse, un projet d’envergure visant à un réagencement tant structurel qu’organisationnel du Brevet de Maîtrise, avec comme objectif le renforcement de la valeur et de l’attractivité de ce diplôme de référence, ainsi que l’adaptation de ce dernier et de son organisation à l’évolution de la demande du marché et de la société et des futurs responsables et chefs d’entreprise.

Enfin, le Ministère de l’Economie ayant décidé d’augmenter substantiellement l’enveloppe budgétaire d’aides destinée aux PME (de +27% pour 2017-2021 par rapport à la période 2012-2016), la Chambre des Métiers ne peut que saluer cette initiative, qui devrait encourager tant l’innovation que la transition vers le numérique.

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