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L’Artisanat au 3e trimestre 2019 : la conjoncture en perte de vitesse

  • Publié le 18.12.2019
L’Artisanat au 3e trimestre 2019 : la conjoncture en perte de vitesse
Chambre des Métiers

Après la baisse enregistrée au 2e trimestre 2019, l’indicateur d’activité de l’Artisanat enregistre au cours du 3e trimestre une augmentation de seulement 0,6 point, passant de 15,0 à 15,6 points. Ainsi, la prévision de la dernière enquête s’est réalisée dans les faits. Et pourtant, les dirigeants d’entreprises prévoient une baisse de l’activité de 1,6 points au 4e trimestre 2019. Cette évolution émane entre autres du secteur de la construction craignant l’impact négatif du congé collectif sur l’activité. Un autre facteur limitant le développement de l’activité de tout le secteur artisanal est la pénurie de main-d’œuvre.

 



D’abord, il faut noter que l’enquête de la Chambre des Métiers affiche toujours une situation conjoncturelle favorable se situant au-dessus de la moyenne décennale. En effet, comme le montre le graphique 1, il ne serait pas la première fois que la tendance générale à la hausse, perdurant depuis 2013, est interrompue par un ralentissement de l’indicateur de l’activité.

Pourtant, il existe plusieurs facteurs qui pèsent sur l’optimisme des chefs d’entreprises en ce qui concerne l’activité économique future. D’un côté, il existe des éléments à caractère conjoncturels comme notamment le congé collectif ou les conditions climatiques qui peuvent atténuer l’activité des entreprises. D’un autre côté, des défis plus structurels comme principalement la pénurie de main-d’œuvre ou encore le manque de terrains disponibles dans les zones d’activités économiques pèsent sur le développement économique du secteur.

Selon les prévisions de la Chambre des Métiers, la fin de l’année 2019 devrait se caractériser par une légère diminution de l’indicateur d’activité. Cet indicateur représente le différentiel entre les entreprises prévoyant une activité en hausse et celles, dont l’activité devrait baisser. Ainsi, 22% des chefs d’entreprises estiment que l’activité va progresser au cours du 4e trimestre 2019 contre seulement 8% prévoyant le contraire - le solde restant donc positif.

Graphique 2 : Détail de la prévision de l’activité pour le 4e trimestre 2019

Or, l’indicateur conjoncturel de l’Artisanat, dans lequel la construction occupe un poids très important, peut masquer des évolutions divergentes au niveau des différents groupes de métiers. Ainsi, ce sont les imprimeries et le secteur de la mécanique qui exercent une influence négative sur la tendance générale de l’Artisanat.

La construction bénéficie toujours d’une bonne situation conjoncturelle, mais elle reste en-dessous de son potentiel à cause de la pénurie de main-d’œuvre

Si l’année 2019 a débuté avec une hausse considérable au 1er trimestre, l’indicateur d’activité a stagné sur ce même niveau pendant les deux trimestres suivants. En revanche, les dirigeants d’entreprises sont un peu plus pessimistes pour le 4e trimestre 2019 comme l’indiquent les résultats de l’enquête qui présagent une baisse de l’activité.

Selon les résultats de cette enquête, le carnet de commandes du secteur de la construction (toutes activités confondues) augmente de 0,6 mois sur une année pour atteindre 6,5 mois au 3e trimestre 2019.

Même si l’enquête de conjoncture dans le secteur de la construction fait ressortir des résultats plutôt favorables, il existe cependant quelques difficultés qui font que l’indicateur d’activité reste en-dessous de son potentiel, notamment la pénurie de main-d’œuvre.

  

 

Graphique 3 : Statistiques sur les facteurs limitant l’activité de la construction (toutes activités confondues)


Ainsi, les résultats du 3e trimestre 2019 montrent que 31% des entreprises de la construction ont signalé que le manque de personnel (qualifié) a gêné l’activité. Il y a deux années, « seulement » 17% des entreprises avaient relevé le même phénomène, ce qui montre que la pénurie de main-d’œuvre s’intensifie.

Sur le 3e trimestre, elle est la plus prononcée pour les électriciens, avec un taux de 48% d’entreprises déclarant être confrontées à ce défi, suivis par les activités du revêtement (41%), les métiers de la fermeture du bâtiment (36%) et les installateurs chauffage-sanitaire-frigoriste (34%). Au vu de ces chiffres, la Chambre des Métiers constate que généralement le manque de personnel (qualifié) est plus aigu dans la mesure où le degré de technicité de l’activité augmente.

Une récente enquête de la Chambre des Métiers a montré que sur les 12 mois prochains, les entreprises artisanales ont un besoin total d’environ 9.400 salariés, dont 55% émane du secteur de la construction.

Le congé collectif entrave l’activité pour 12% des entreprises et 8% d’entre eux déclarent qu’elles font face à des contraintes financières.

L’évolution de l’activité n’est pas uniforme à travers les différents corps de métiers. Si elle est relativement stable, voire ascendante pour la plupart des métiers de la construction, d’autres connaissent au contraire une tendance moins favorable. En effet, ce sont les corps de métiers de « l’installateur chauffage-sanitaire-frigoriste », du « menuisier » et du « peintre » qui exercent au 3e trimestre une influence négative sur la tendance générale de la construction.

Des situations économiques divergentes au sein du secteur mécanique

Après une baisse au 1er trimestre 2019 et une légère hausse au 2e trimestre, l’indicateur de l’activité de la mécanique a de nouveau reculé au 3e trimestre 2019. Or, selon les résultats de l’enquête, les chefs d’entreprises prévoient une hausse de l’activité au 4e trimestre. Le groupe de la mécanique regroupe deux sous-catégories : les ateliers mécaniques et le secteur automobile. Toutefois, la situation économique est assez différente au sein de ces deux groupes.

Le secteur automobile a affiché de bons résultats pendant les 3 premiers trimestres de l’année 2019 avec 43.038 nouvelles immatriculations de voitures particulières et de voitures à usage mixte neuves, d’après les données du STATEC. Ceci représente une hausse de 1,6% par rapport à la même période de l’année précédente.

Les ateliers mécaniques, travaillant en partie comme sous-traitants de l’industrie, semblent ressentir la dégradation de la production industrielle luxembourgeoise et européenne. Selon le dernier « conjoncture flash » du STATEC[1], la production industrielle luxembourgeoise a reculé de 1,6% pendant la période de janvier à juillet 2019 en comparaison avec la période identique de l’année précédente.

Par rapport à d’autres économies occidentales, l’économie luxembourgeoise semble en général mieux résister aux chocs conjoncturels, pourtant quelques secteurs économiques, dont notamment l’industrie, ont été droitement touchés par les incertitudes réngnant au niveau international (Source : STATEC).

L’activité des autres groupes de l’Artisanat : un secteur de l’« Imprimerie » toujours en baisse - une progression continue de celui de la « Mode, Santé & Hygiène »

Après une phase de stabilisation au début de l’année 2018, l’indicateur d’activité du groupe « imprimeries » commençait à baisser au 4e trimestre 2018, une diminution qui se prolonge désormais depuis 4 trimestres consécutifs. Ainsi, il tombe même en-dessous de la moyenne décennale. Pourtant, les résultats de l’enquête prévoient une hausse de l’activité pour le 4e trimestre 2019.

L’indicateur d’activité du groupe « mode, santé et hygiène » continue sa tendance à la hausse entamée au 4e trimestre 2018. Ainsi, depuis 4 trimestres consécutifs, l’indicateur est en train de s’accroître. Par ailleurs, les chefs d’entreprises prévoient une nouvelle hausse de l’activité au 4e trimestre 2019. Malgré la forte demande qui pourrait s’expliquer entre autres par l’augmentation de la population résidente et des travailleurs frontaliers – et donc des clients potentiels, il faut rappeler qu’il existe une forte concurrence sur ce marché. Par conséquent, beaucoup d’entreprises n’arrivent pas à adapter leurs prix en dépit d’une hausse de la demande. En effet, lorsque les coûts augmentent, une non-adaptation ou une adaptation des prix inférieure à la progression des frais est synonyme de dégradation de la marge. Selon le résultat de l’enquête, 23% des entreprises de ce secteur ont vu décroitre leur marge au cours du 3e trimestre 2019 contre 3% pour lesquelles la marge a augmenté.

Si l’année 2019 a commencé avec une tendance à la baisse pendant le premier semestre, l’indicateur de l’activité pour les métiers de la bouche se stabilise au 3e trimestre. Or, les dirigeants d’entreprises restent assez pessimistes en ce qui concerne l’activité économique au 4e trimestre 2019.

 

L'enquête de conjoncture de la Chambre des Métiers du 3e trimestre 2019 se base sur environ 1.150 réponses d'entreprises artisanales. Les entreprises sont invitées à indiquer l’évolution des paramètres suivants pour le trimestre en cours et celui à venir : activité, emploi, carnet de commandes, prix de vente, chiffre d’affaires, situation de trésorerie, marge bénéficiaire et délais de paiement des clients. Le solde indiqué dans les graphiques représente la différence entre les réponses positives (p. ex. hausse de l’activité) et négatives (p. ex. baisse de l’activité) à une question spécifique du formulaire.

 

[1] https://statistiques.public.lu/catalogue-publications/conjoncture-flash/2019/PDF-Flash-10-2019.pdf