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Un rapport de l’Université qui reflète les constats de la Chambre des Métiers : la nécessité désormais de mettre le cap sur l’avenir en tirant les leçons du passé

  • Publié le 16.10.2015
Formation

Après une analyse approfondie du rapport de l’Université du Luxembourg - Institute for Lifelong Learning an Guidance (LLLG) portant sur la mise en œuvre de la réforme de la formation professionnelle et commandité par le Ministère de l’Education nationale, de l’Enfance et de la Jeunesse (MENJE), la Chambre des Métiers constate que celui-ci ne fait que confirmer des positions qu’elle n’a cessé de développer tant lors de la conception de la réforme de la formation professionnelle que lors de la mise en œuvre du processus de réforme.


Depuis le départ, pendant les années de préparation de la réforme de la formation professionnelle jusqu’à son vote en 2008, la Chambre des Métiers a soutenu le Gouvernement dans sa volonté et dans ses efforts de restructuration et de modernisation d’un système de formation professionnelle qui datait du milieu du siècle dernier et dont les dispositions étaient devenues obsolètes à tout point de vue. Elle fut d’ailleurs consultée à maintes reprises par le Gouvernement de l’époque et eût l’occasion de lui présenter ses idées et ses réflexions à intervalles réguliers.

Elle avait également marqué son accord de principe avec les lignes directrices du projet de réforme de 2008 se déclinant par une approche par compétences, un système modulaire, une double alternance (apprentissage entreprise/école avec contrat d’apprentissage et apprentissage école/entreprise avec contrat de stage), un partenariat école/monde économique (notamment via des équipes curriculaires) et une intégration de la formation du technicien dans la formation professionnelle. Il est d’ailleurs à noter que cet accord de principe est aujourd’hui toujours soutenu par la Chambre des Métiers.

Néanmoins, dès le début des réflexions, la Chambre des Métiers avait relevé un  nombre certain de failles conceptuelles inhérentes au nouveau système. Ainsi, elle avait mis l’accent sur plusieurs points cruciaux indispensables à ses yeux pour garantir le succès de la réforme : une implémentation d’un concept cohérent en matière d’orientation scolaire et professionnelle, un positionnement du Diplôme d’Aptitude Professionnelle (DAP) comme formation de référence dans l’Artisanat, une introduction et un agencement de la formation menant au Certificat de Capacité Pratique (CCP) suivant les besoins des entreprises, une hiérarchisation et un accès transparents (reposant sur le mérite et non pas sur l’échec) concernant les différentes formations, une mise en place de passerelles entre les différentes formations permettant d’offrir une véritable carrière scolaire et professionnelle aux jeunes et visant ainsi à améliorer l’image de marque et la notoriété de l’apprentissage tant auprès des jeunes que dans la société tout entière.

En outre, la Chambre des Métiers avait d’emblée mis l’accent sur des défaillances d’ordre matériel et organisationnel qu’elle n’a cessé de rappeler par la suite : absence de pilotage, manque d’information et d’encadrement des différents acteurs, manque de cohérence, de transparence, de processus, de procédures, de règles précises et de sécurité juridique, absence partielle de programmes et de traductions, élaboration de documents trop compliqués, manque cruel de moyens.

La présence des nombreuses failles tant conceptuelles que matérielles constituant les « pêchés originels » du système avaient de fait amené la Chambre des Métiers à refuser l’approbation du projet de réforme de 2008, refus accompagné de la préconisation de l’adoption d’un moratoire visant à entamer le processus de réforme par un projet pilote qui aurait pu être, après évaluation et adaptations, généralisé par étapes successives.

La Chambre des Métiers relève aujourd’hui que les principales affirmations contenues dans le rapport de l’Université du Luxembourg rejoignent les positions qu’elle avait formulées, tant en ce qui a trait aux lacunes conceptuelles qu’aux lacunes matérielles de la réforme de la formation professionnelle. Selon elle, sinon l’exclusivité, au moins la grande majorité des critiques avancées dans le rapport peuvent être ramenées à l’équation de base suivante : trop – trop vite – trop compliqué.

Ainsi, certains points soulevés dans ce rapport interpellent directement la Chambre des Métiers en tant que représentante des entreprises de l’Artisanat. Ces points ont trait notamment au niveau de qualification demandé par les entreprises, à l’agencement des formations menant au DAP et au CCP, à l’implication des représentants des entreprises dans les travaux des équipes curriculaires, à l’implémentation du système réformé dans les entreprises et au rôle du tuteur en entreprise. Elle souhaite que les points de critique du rapport soient pris au sérieux et qu’une solution leur soit proposée. 

La Chambre des Métiers estime que ce bilan doit constituer le point de départ pour un dialogue constructif entre tous les partenaires de la formation professionnelle ce afin de faire naître un nouvel élan de réforme dans l’intérêt partagé des jeunes et des entreprises. Une formation professionnelle de qualité est en effet bénéfique pour l’entièreté de la société, dans la mesure où chaque euro investi dans un système de formation professionnelle performant est un euro potentiellement épargné dans la lutte contre le chômage.

Dans cet esprit et dans cet ordre d’idées, la Chambre des Métiers réserve un accueil particulièrement favorable à la proposition du Ministre de l’Education Nationale, de l’Enfance et de la Jeunesse de mener, dans les plus brefs délais, des consultations bilatérales avec les principaux partenaires de la formation professionnelle. Il convient dès à présent de mettre le cap sur l’avenir en tirant les bonnes leçons du passé.

 


Luxembourg, le 15 octobre 2015

Communiqué par la Chambre des Métiers