La Chambre des Métiers vient de publier la note de conjoncture pour le premier trimestre 2025. Elle tient à remercier les 700 entreprises artisanales qui ont participé à l'enquête. Ces entreprises représentent près de 21 000 emplois, soit environ 22 % de l'emploi total.
L’année 2024 a été marquée par des perturbations importantes qui ont sensiblement affectées l’Artisanat luxembourgeois. Au cours du 1er trimestre de l’année 2025, cette situation délétère a perdurée et les entreprises, particulièrement celles du secteur de la construction, ont été amenées à composer avec des perspectives économiques toujours atones. Par ailleurs, elles ont dû faire face à des incertitudes majeures notamment liées à l’instabilité générée par la guerre commerciale initiée par le président américain Donald Trump. Les effets de cette offensive protectionniste ne sont pas encore précisément évaluables, ce qui renforce encore davantage l’incertitude du secteur.
En ce début d’année 2025, l'Artisanat luxembourgeois demeure toujours confronté à des défis significatifs bien que des signes précurseurs d'amélioration continuent à se matérialiser et augurent une reprise à l’horizon 2025-26. Cependant, de fortes disparités persistent entre les différents secteurs d’activités, et ce, depuis plusieurs années.
Les résultats de l’enquête de conjoncture réalisée pour la période du 1er trimestre 2025 par la Chambre des Métiers indiquent que l’activité dans le secteur de l'Artisanat dans son ensemble aurait atteint son point le plus bas au cours du 2e trimestre 2024. La remontée timide entamée au second semestre de l’année 2024 semble se poursuivre en ce début d’année 2025, mais l’indicateur d’activité reste toutefois loin en-dessous de la moyenne décennale. En effet, le solde de -15 au 1er trimestre 2025 résulte de la différence des 25% d’entreprises indiquant une détérioration de leur activité par rapport au trimestre précédent et des 10% d’entreprises déclarant une amélioration de leur activité. Au regard du solde négatif de l’indicateur de l’activité et compte tenu des incertitudes multifactorielles qui affectent le secteur, il semble indispensable de conserver une certaine circonspection dans l’attente des résultats économiques qui se dessineront au cours des prochains mois.
L’environnement conjoncturel difficile de 2024, notamment pour le secteur de la construction, a engendré une baisse inédite de 4.200 salariés dans le secteur (-4 %). Cette baisse impactera négativement la capacité de production future de logements qui ne fait qu’aggraver les défis du marché du logement.
Un effort collectif est nécessaire pour relancer le marché du logement
Le relâchement progressif des conditions monétaires illustré par trois nouvelles baisses supplémentaires du taux directeur de 0,25% enregistrées au cours des premiers mois de l’année 2025 se poursuit et l’inflation continue de ralentir en zone euro, s’établissant selon la BCE à 2.2% en mars 2025, dynamique également observable à l’échelle nationale, où elle s’élève à 1,7% au mois d’avril 2025.
La Chambre des Métiers attend avec impatience à ce que la baisse importante et rapide du taux directeur se reflète aussi vite que possible sur les conditions de financement proposées par les banques commerciales, ce qui serait de nature à permettre une reprise de l'activité sur le marché du logement et donc, in fine, dans le secteur de la construction.
Toutefois, les effets positifs de cette diminution des taux ne sont pas encore tangibles et le regain d’activité attendu dans la construction dépendra notamment de la part que représenteront les nouvelles constructions dans la croissance de l’activité immobilière. D’autres facteurs influenceront la reprise du secteur de la construction, notamment les stratégies commerciales mises en œuvre par les promoteurs immobiliers. Une baisse des prix de vente semble ainsi être l’une des clefs du rebond du secteur, visant à rétablir la confiance envers les promoteurs immobiliers.
Cependant, les perspectives en ce domaine ne semblent pas encourageantes, comme le montre le dernier baromètre publié début mai par la BCL dans le cadre de son enquête de conjoncture auprès des consommateurs qui illustre de manière criante la frilosité des acheteurs.
L’arsenal de mesures mis en œuvre par le Gouvernement destiné à résorber la crise du secteur du logement semble commencer à produire des effets. Cette politique ambitieuse a permis d’atténuer partiellement les effets néfastes d’une situation qui reste toutefois critique dans le secteur des VEFA. En effet, la demande demeure faible et l’accès au financement est toujours un enjeu majeur pour de nombreux acheteurs.
Dans ce contexte, la Chambre des Métiers déplore l’annonce du Premier Ministre stipulant que le Gouvernement laissera expirer le dispositif fiscal temporaire au 30 juin 2025, sans sortie progressive et maîtrisée. Selon la Chambre des Métiers, une telle suppression des mesures fiscales au 1er juillet risque d’étouffer la reprise qui vient tout juste de s'amorcer et de peser encore davantage sur les entreprises déjà en difficulté avec le risque de nouvelles faillites et suppressions d'emplois, et donc une perte de confiance aggravée des acquéreurs. Pour soutenir le secteur de la construction et endiguer durablement la crise du logement, le Gouvernement doit trouver une combinaison de mesures ciblées qui stimule la demande privée à court terme en rétablissant la confiance dans le marché.
Une politique volontariste en matière d’investissement demeure la voie principale de sortie de crise dans le secteur du logement et de la construction. Dans ce contexte, la Chambre des Métiers recommande l’extension du programme d’achat étatique de VEFA entre autres à des lots de taille plus petite ainsi que le développement de projets regroupant partenaires publics et privés afin que toutes les capacités de financement puissent être mises à contribution pour soutenir le secteur.
D’autres propositions ambitieuses pourraient émerger afin d’améliorer l’accès pour les primo-acquéreurs. Un prêt à taux zéro pour acquérir une VEFA afin de financer une partie du prêt sans intérêts pourrait être mis en place. Une autre piste serait l’introduction de la possibilité de louer les logements construits sur stock pendant une période limitée de 3 ans sans que le futur acquéreur ne perde le bénéfice de la tva logement de 3%.
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